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COUP DE CŒUR DE LA RÉDACTION

Quand Peisey nous est conté...

 

« Au milieu de la vallée de Peisey-Nancroix coule le Ponturin. Dans le vieux village niché au cœur de la Tarentaise, deux familles poursuivent le travail de leurs ancêtres, cultivent les pentes, élèvent leurs bêtes et suivent leurs troupeaux jusqu’aux

alpages ». De ce lieu auquel elle est tant attachée, Geneviève Gaufillet-Baudin

en a fait un roman. Intitulé « Au milieu coule le Ponturin », l’ouvrage, édité par

La Tarentaise Hebdo, vient de paraître.
 

 

« Au milieu coule le Ponturin », c’est l’histoire d’un village, mais également d’une vallée et, plus généralement, de nos ancêtres. C’est l’histoire de huit générations qui se sont succédé de 1834 à 1948. C’est l’histoire qu’a choisi de nous raconter Geneviève Gaufillet-Baudin. Sous la forme d’un roman, elle donne vie à des événements historiques qu’elle retrace à travers des personnages et des familles fictifs. De la découverte d’un riche filon de plomb argentifère permettant la création d’une mine, aux prémices de l’or blanc, en passant par l’annexion de la Savoie, Peisey nous est conté, au fil des saisons et des vies.
Ce roman est ainsi le fruit de longues années de recherches documentaires approfondies et cinq années lui ont été nécessaires pour rédiger ce livre. Et si ce temps nous semble long, la passion qui anime Geneviève a pourtant débuté lorsqu’elle était étudiante en Histoire à la Sorbonne. Un jour, lui prend l’envie de retracer l’arbre généalogique de sa famille. De retour à Peisey pour les vacances, elle découvre dans la cure un grand registre « dans lequel l’ancien curé - resté 52 ans à Peisey - avait eu la lumineuse idée d’écrire à chaque naissance le nom et prénom du nouveau né, tout en lui attribuant un numéro et en le reliant à ses parents. J’ai donc fait mon arbre généalogique en 8 jours ! Il suffisait de remonter de page en page et de numéro en numéro, jusqu’en 1610 », nous raconte Geneviève.
Puis, elle deviendra professeur d’Histoire et d’Histoiredes Arts, en Seine-et-Marne, et donnera naissance à son fils, qui entreprendra des études de Géographie. La suite s’écrira justement grâce à son fils, Frédéric, qui rédigea son mémoire de Maîtrise sur l’évolution des paysages dans la vallée de Peisey. Nous sommes en 1998. Le maire de Peisey, intéressé par cette analyse, lui demande alors d’en faire une exposition pour la mairie. Les visiteurs apprécient cette approche géographique, mais se plaignent de l'absence de travail historique récent, ce qui incite Geneviève à débuter ses recherches dans les archives. Elle signe par la suite deux ouvrages documentaires : « À la découverte de l’église et des chapelles de Peisey-Nancroix », et « Écoles et écoliers dans une haute vallée savoyarde ». Au fil du temps, énormément de documents se sont amassés chez elle et une idée lui trotte dans la tête...


 

 

[ Pourquoi pas un roman ? ]

 


La « gestation » si l’on puis dire, fut longue puisque le métier de romancier ne s’invente pas. Néanmoins, forte de données historiques et animée par cette passion nouvelle, Geneviève s’attelle à la tâche. « J’avais entre les mains une sorte de liste de temps forts, d’événements marquants, que je souhaitais aborder, et je devais les faire « vivre » à des personnages ». Pour cela, elle décide de créer des protagonistes fictifs auxquels elle ne donne qu’un prénom, afin de les différencier des « vraies » personnes qui interviennent dans le déroulé, comme le maire de l’époque, le curé...
Le livre se découpe en cinq grandes parties dans lesquelles sont abordées la mine et son apogée, le rattachement de la Savoie à la France, etc. Dès lors, l’histoire de cette vallée prend vie grâce à de nombreux détails et traits d’esprit, que Geneviève saupoudre au gré de son roman pour mieux l’ancrer dans l’époque.
Le roman se passe donc à Peisey, néanmoins, les gens bougeaient davantage que ce que l’on pense, ils marchaient beaucoup en passant par les cols, que ce soit pour des pèlerinages ou des colporteurs apportant des nouvelles et de la marchandise. Le roman relate ainsi de faits extérieurs à travers ces personnages. Même si Peisey n’était pas un endroit de passage, mais plutôt une vallée fermée, le village n’est pas pour autant resté isolé. Surtout, Peisey s’est démarqué avec la mine : des professeurs et des élèves de la haute bourgeoisie sont venus pour le plomb argentifère présent dans le secteur. « A travers mes recherches, j’ai pourtant appris que travailler dans la mine était un moindre mal pour les peiserots, ils évitaient de partir au loin, mais ce n’était pas un travail noble. Ce qui était noble c’était le travail de la terre, élever des bêtes et faire du fromage », précise Geneviève. L’exode rural a alors été repoussé puisque le travail dans les campagnes ne manquait pas. Mais lorsque la mine a fermé, certains Peiserots sont allés à Paris pour travailler dans la fabrication de « bronze imitation » puisqu’ils avaient déjà une connaissance de ce travail, et une communauté s’est constituée dans les 3e et 11e arrondissements. Geneviève est ainsi née à Paris en 1948, ce qui en fait une Peiserote de Paris. « A la capitale, les Peiserots se sont fait des amis et n’ayant que leur village dans le cœur et à la bouche, les Parisiens ont voulu voir Peisey ! L’on comptait à cette époque huit hôtels entre Peisey et Nancroix. Ce n’était pourtant pas gagné pour cette vallée perdue, mais tout cela n’est pas un hasard ! », affirme Geneviève.
En fil rouge de ce roman, une question essentielle demeure : comment évoluer sans perdre son âme ? Une interrogation qui n’a finalement pas d’âge, ni d’époque et qui s’ancre aujourd’hui dans une réalité. Au final, les générations passent et le Ponturin, lui, coule toujours.

 

 

 

 

> Par Charline DIDOT

 

 

 

 

Livre en vente au prix de 20 € à La Tarentaise Hebdo, à Aime, 117 Grand rue, Tél. 04 79 22 76 48.

Prochaine dédicace : au U Culture de Bourg-Saint-Maurice, le samedi 6 août, de 10h à 12h.

© Lionel DIDOT

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